Je me suis réveillée au milieu de la nuit, un vent violent soufflait sur ma fenêtre. Suis-je en retard ?
Non , il est encore minuit …
A cinq heure du matin, je me lève. Je commence à stresser … enfin, me voilà en train de me préparer pour une nouvelle journée …
Je suis allée à la gare, direction Tunis pour rencontrer une personne spéciale, je suis tellement excitée !
Mon amie me dit, achète les tickets , le train va bientôt arriver.
Je réponds : ok ! Mais c'est pas vrai ! C'était pas prévu ! Pourquoi ton papa veut-il nous accompagner ?!
Elle rétorque : La situation à Tunis n'est pas très rassurante, tu sais …
J'étais agacée, elle ira à l'ambassade, et moi je vais rester à l'extérieur seule avec lui ?! Comment vais-je rencontrer la personne pour laquelle j'ai fait le voyage ?!
Elle m'a rassurée : ne t'inquiète pas, ça va bien se passer …
Nous voilà enfin à Tunis après deux heures de trajet . Trop de monde, tout est animé, presque agité . Bien que Sousse soit une grande ville, ce mouvement ne m'a pas semblé familier. Encore ce sentiment bizarre d'insécurité !
J'ai pas trop attendu, dès que ma copine est entrée, on m'a téléphoné : " je suis devant l'ambassade ".
"ok, je viens te chercher ! "
J'étais contente, curieuse, timide, rêveuse et soulagée !
C'était un sentiment étrange mais agréable, on sort du monde virtuel, nous voilà enfin face à face en réalité !
J'ai vu sa silhouette s'approcher, heureuse de te voir ma chère Désenchantée ! Tu n'étais pas trop différente de l'image que je t'ai dessinée dans mes pensées : calme, souriante, sincère, taquineuse, révoltée… tes yeux verts gris ont failli m'ensorceler ! J'aurais aimé t'écrire tout un poème comme tu me l'as fait, mais je ne suis pas aussi douée...
Un joli cadeau, merci ! Et désolée si je t'ai pressée à la librairie, j'avais peur que le temps s'écoule vite sans en profiter .
Un petit tour, et puis nous voilà dans un salon de thé, entrain de siroter du jus d'orange, et un inoubliable café ( tellement il était concentré ! ) . Durant une heure, on a presque tout survolé : nos coups de coeur, nos coups de gueule, le maudit Facebook, les films, et autres sujets …
Mon portable sonne ! Il est temps de rentrer : chacune dans une direction , après une agréable matinée !
Un sourire, un adieu et un espoir de te revoir, cette fois-ci chez moi dans ma cité.

Le long de mon trajet , je voyais des soldats partout, des barbelés, des vendeurs en pleine rue, des poubelles éparpillées , ça m'a attristée ! Oh ma chère Tunisie, dans quel état misérable tu es ! Quand est-ce que tu retrouveras l'ordre et la paix ?!
Arrivant à la gare de Tunis, je vois la façade encore noire, brûlée . Honte à ceux qui détruisent leurs pays puis vantent la liberté !
Mon coeur me fait mal … Arrêtez vos bagarres s'il vous plaît ! Arrêtez de vous entretuer pour des absurdités ! Arrêtez de massacrer ce petit pays ! Pitié !

Le départ du train était à 12h, nous nous sommes encore retrouvés dans cet espace confiné, il faisait chaud, j'étais fatiguée …
Deux vieillards étaient assis derrière moi en train de bavarder … Ils ne se connaissaient pas auparavant … C'est la vieille dame qui a commencé, elle lui a tout raconté ! Et moi j'ai eu le « privilège » de tout écouter, j'étais obligée !
Elle lui a parlé de ses fils vivant en Suède, de ses belles filles, de son mari décédé, de sa dose d'insuline, de son portable qu'un médecin stagiaire aurait volé ( là je voulais l'arrêter, inconsciemment je me suis sentie visée ... )
Lui était trop vieux, costumé ... diabétique, tabagique avec une dysphonie flagrante : un cancer du larynx ! C'était le diagnostic que j'avais suspecté … excusez moi , c'est un réflexe désagréable, je l'admets !
Il était marié , sa femme serait en train de l'attendre à cet instant là, probablement inquiétée, vu l'état médiocre de sa santé…et lui, il était tout content de revivre une nouvelle conquête, un mot qu'il a certainement fini par oublier ! Il était sympa, galant, il lui a même payé un café … et elle , elle n'arrêtait pas de le flatter, j'ai enfin réalisé qu'elle était tout simplement en train de le … draguer !
Ils se sont mis d'accord à passer l'après midi ensemble à Sousse à se promener . J'étais abasourdie, dégoûtée … bande de pervers, je vous hais ! Je préfère vous ignorer !

Une jeune fille était assise à mon côté, dès qu'elle s'est installée , elle s'est endormie la bouche ouverte... mes idées instantanées étaient : une mouche risque à tout moment de rentrer … ce n'était pas très agréable à voir, ni à imaginer ... c'est méchant de ma part , je le sais … un brin de folie, un caractère sarcastique, que j'essaye d'annihiler … mais j'ai quand même éprouvé envers elle un sentiment de pitié, elle était simplement , tout comme moi , fatiguée …

En regardant par la fenêtre, des souvenirs m'ont submergée... 
je continue à contempler : je voyais les arbres rapidement défiler … Comme elles passent vite … les années !

Arrivée chez moi , je me sens en sécurité .
C'était une journée spéciale : une rencontre avec Primavère, ma soeur bien aimée … une triste réalité ; un prix trop cher pour jouir d'une éventuelle liberté … une crise d'adolescence différée … des souvenirs ... un espoir qui renaît … de profondes réflexions avant d'arriver enfin à destinée ...