Premier témoignage :
Elle rentre pressée avec son petit ange: une fillette de trois mois,toute habillée en rose. Elle était très belle : le teint clair, les cheveux lisses, les joues roses, les lèvres fines ... mais elle avait la langue protruse, les yeux "bridés", avec des "fentes palpébrales obliques en haut et en dehors" .
Sa phrase prononcée d'une voix tremblante résonne encore dans ma tête: "je n'ai jamais imaginé que j'aurais un enfant trisomique.. Vous n'imaginez pas le choc que j'ai eu en la voyant après l'accouchement. Je ferai tout pour qu'elle ait une vie normale, qu'elle fasse ses études .. Quand elle sera grande je lui ferai une chirurgie esthétique pour qu'elle ait les yeux normaux."
Deuxième témoignage:
La maman était jeune, d'un charme inouï. Elle parlait en souriant, mais en me concentrant sur ses yeux, je voyais ses larmes .
"Il commence à me fatiguer ce petit malin! il est très actif, je ne cesse de le surveiller. Il veut jouer tout le temps, il a même appris à utiliser le téléphone de son papa et fait souvent semblant de me parler!"
C'était son premier enfant, après quatre ans de stérilité.
Troisième témoignage:
"Depuis la dernière consultation, je n'arrête pas de penser à ce que vous m'avez dit docteur. Mon fils aura obligatoirement un retard mental, même si vous m'avez beau dit que ça sera léger.. ça reste quand même un retard mental. Je n'éprouve plus aucun plaisir, rien ne compte plus à mes yeux.. Je ne parle plus avec mon mari.. Je ne veux plus avoir d'autres enfants, j'ai peur que cela se répète."
Quatrième témoignage:
Ce nourrisson était tellement beau que j'avais une seule envie: le serrer contre mes bras , l'embrasser et.. pleurer. Il avait les cheveux très noirs, lisses et brillants. Il me souriait en essayant à chaque fois de me piquer le stylo. J'arrivais à peine à retenir mes larmes face à ce petit ange et à sa maman: une belle femme calme et confiante, triste mais patiente.
Cinquième témoignage:
"Je suis venue pour voir le résultat du caryotype."
Cela ne changera ren, le diagnostic sautait aux yeux. C'était une femme modeste, elle parlait doucement en tenant la main de son fils qui voulait sortir jouer avec les autres enfants dans la salle d'attente. J'ai su qu'elle l'a eu après huit ans d'infertilité, grâce à une fécondation in vitro.
Certes, les mots ne peuvent transmettre la peine qu'éprouvent ces femmes, en se réveillant chaque matin, devant cet adorable enfant toujours souriant, mais d'un "morphotype" particulier, et surtout.. d'une intelligence "amoindrie".
اللّهم عافهم و عافنا و ذرّيّتَنا
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