Oh Happy Day !
C'était un lundi , un jour férié …
Je rentre à dix heures du matin après une « garde weekend » . Il n'y a personne à la maison, maman est de garde aussi, à la maternité …
Bien évidemment, après plus de quarante-huit heures à l'hôpital, la première chose à laquelle on pense, c'est de prendre une douche !
Zut ! Le chauffe eau ne marche plus ! Revenons aux méthodes traditionnelles !Je rentre à dix heures du matin après une « garde weekend » . Il n'y a personne à la maison, maman est de garde aussi, à la maternité …
Bien évidemment, après plus de quarante-huit heures à l'hôpital, la première chose à laquelle on pense, c'est de prendre une douche !
La main tremblant ( par épuisement ) , au lieu de verser l'eau bouillante dans le seau, je l'ai renversée sur … mes pieds ! Ça m'a fait tellement mal que j'ai poussé un cri strident ( d'habitude je me tais ) . Mon frère qui habite juste à côté est venu en toute vitesse , il a examiné le dos de mon pied couvert de phlyctènes déjà, il m'a proposé d'aller aux urgences . J'ai refusé. Il m'a acheté alors un traitement, et me voilà : après deux jours de boulot, seule à la maison, en train de pleurer, le corps colonisé de toutes sortes de microbes, le pied brûlé et couvert de pommade, le pantalon retroussé jusqu'au genou, sans chaussettes par ce froid hivernal ! Oh que je suis malheureuse !
J'entends soudain ce « Ding, Dong ! » , on sonne à la porte ! Qui vient maintenant ?! Je ne vais pas lui ouvrir, je veux voir personne !
Mais, on insiste … je finis alors par céder … Je me retrouve face à une dame cinquantenaire, portant le Safsari, qui me dit :
- Bonjour, c'est ici la maison de Mr. AD ? Je suis venue chez ta voisine, je me suis dit, c'est l'occasion ou jamais de passer te voir !
- Oui, vous êtes bien chez lui.
- Tu es sa fille n'est ce pas ?
- Oui ( je répondais naïvement, je voulais faire vite pour qu'elle parte!)
- T'as pas de soeur ?
- Huh ? Non !
- Je peux entrer ?
- Euh ... oui …
J'étais trop gênée par ma réaction précipitée, trop spontanée, je dirais même risquée !
On s'assoit dans le salon . Elle commence à parler ; elle est venue demander ma main pour son fils … Mon état misérable ne l'a quand même pas découragée !- Tu es sa fille n'est ce pas ?
- Oui ( je répondais naïvement, je voulais faire vite pour qu'elle parte!)
- T'as pas de soeur ?
- Huh ? Non !
- Je peux entrer ?
- Euh ... oui …
J'étais trop gênée par ma réaction précipitée, trop spontanée, je dirais même risquée !
Son fils est pilote militaire, beau, riche, intelligent, sympa, poli … comme tout le monde quoi !
Elle continue à me raconter des histoires sur sa nièce, son deuxième fils, son neveu, la femme de mon oncle qui était sa voisine … et puis ouf ! Elle s'arrête . Elle me demande directement : « quand est ce qu'il pourrait venir te voir ? »
- Il faut que je discute ça avec ma famille d'abord .
- Mais non ! T'as rien à perdre, c'est une simple rencontre, t'es pas obligée de dire oui dès le début !
- Je sais, mais je dois parler avec mes parents .
- Tu sais … il y a un autre truc que je veux te demander … puisque mon fils est pilote militaire, tu devrais peut être … euuh … enlever le voile !
C'était bien la cerise sur le gâteau ! je rêve ou quoi ? - Je sais, mais je dois parler avec mes parents .
- Tu sais … il y a un autre truc que je veux te demander … puisque mon fils est pilote militaire, tu devrais peut être … euuh … enlever le voile !
Elle s'arrête quelques secondes puis reprend :
- Lui, n'est pas contre, il fait la prière et tout … Mais tu sais comment ça se passe en Tunisie ..
- mmm ...
Je la contemplais silencieusement, en remuant la tête ( j'adore faire ça ! ), alors elle continue :
- Tu ne portes pas le voile à l'hôpital de toute façon, non ?- mmm ...
Je la contemplais silencieusement, en remuant la tête ( j'adore faire ça ! ), alors elle continue :
- Si.
- J'ai entendu dire qu'on vous l'interdit !
- Pas vraiment.
- Tu pourras t'arranger après, sans pour autant l'enlever. T'es pas obligée de mettre des épingles par exemple… tu peux le porter à la « Tunisienne » ... il y a plein de solutions !
- Non.
Je crois qu'elle a compris à travers mon regard perçant et mes phrases brèves et monotones, que je n'étais pas du tout motivée, que je n'allais pas faire des « concessions » pour que son fils ... « m'accepte » ?! oui, à un moment donné, j'ai senti qu'on a inversé les rôles ! - J'ai entendu dire qu'on vous l'interdit !
- Pas vraiment.
- Tu pourras t'arranger après, sans pour autant l'enlever. T'es pas obligée de mettre des épingles par exemple… tu peux le porter à la « Tunisienne » ... il y a plein de solutions !
- Non.
Mais non, c'est pas le cas! Elle ajoute : « Tu sais .. j'ai une nièce, qui a rompu avec son fiancé qui était policier, à « cause » du voile ! Elle s'est mariée avec un autre et maintenant elle a fini par l'enlever pour pouvoir bosser ! Tu vois … ça se passe souvent comme ça ! »
Je ne peux plus la supporter, j'en ai marre de l'écouter dire ces futilités ! Est elle en train de me menacer ou quoi ? Tu m'énerves Madame, fiche-moi la paix !
Un petit moment de silence, je respire, je vais me contrôler , je réponds enfin :
- Maktoub ! À chacun ses principes , je suis désolée, je ne peux pas accepter. Un petit moment de silence, je respire, je vais me contrôler , je réponds enfin :
- Ah dommage ! J'aurais tellement aimé que tu sois ma belle fille … mais puisque tu tiens autant à ton voile… Maktoub...
Je souris malgré moi .
- Ravie de te connaître de toute façon . Passe le bonjour à ta maman . Au revoir !
- Adieu !
Après son départ, je suis restée, un bon moment, figée, abasourdie... Comment les gens osent-ils se comporter ainsi ? J'ai pas trop réfléchi, j'ai éclaté de rire puis je me suis endormie !
7 commentaires:
Enregistrer un commentaire